Rente ou capital? Partir à 58 ou à 65 ans? Qu’est-ce qu’un rachat et comment y procéder? Courant novembre, AVENA a conçu une vidéo et deux soirées pour informer ses assurés et ses assurées sur la prévoyance professionnelle et la retraite en général. Comme chaque année, à distance ou en direct, les questions ont fusé.
Selon une récente étude de la Haute École de Lucerne, seul un participant sur 100 a pu répondre correctement à dix questions sur la prévoyance suisse, a relevé Valère Gogniat, animateur des deux soirées spéciales qu’AVENA a organisées pour ses assurés et ses assurées. Autant dire que le sujet est ardu pour tout le monde, et que toutes les questions sont légitimes. Les experts d’AVENA ont creusé des aspects très techniques et balayé des notions plus courantes: comment fonctionne une caisse de pensions? Quelle différence entre le salaire courant et le salaire assuré? Qu’est-ce que la déduction de coordination? Comment connaître mon avoir de retraite? Qu’est-ce que le capital-retraite? Entre autres questions posées lors de «Tout savoir sur votre retraite» et «Tout savoir sur votre deuxième pilier», les deux conférences organisées en ligne, en présentiel et en vidéo.
L’interrogation la plus fréquente concerne les modalités de retrait de ses avoirs LPP: «faut-il prendre la rente ou le capital?», au moment de sa retraite. Comme souvent en matière de prévoyance, «il n’y a pas de réponse unique. Ce choix est éminemment individuel et dépend de chaque contexte de vie», a insisté Christian Caperos, membre de la direction d’AVENA. Il a résumé les avantages et les inconvénients de chaque situation, à retrouver dans ce tableau en ligne (p.9 et 10). Dans les deux cas, l’aspect fiscal est non négligeable: la rente est imposée à 100%, le capital est, lui, taxé sur la fortune. Francis Bouvier, directeur d’AVENA, a pointé des critères cruciaux à identifier pour ce choix capital: «la santé, qui joue un rôle essentiel, la famille, le train de vie, la capacité à savoir élaborer un budget, la fiscalité, l’habitude de gérer un capital, etc.» À noter que les formules mixtes, mêlant capital et rente sont aussi possibles – et doivent être élaborées sur-mesure.
L’épineuse question des rachats
En ligne ou en salle, de nombreuses interrogations ont concerné les rachats, soit les versements volontaires que chacune ou chacun peut effectuer dans sa propre caisse de pensions, pour combler ses lacunes de prévoyance. Ces manques sont aujourd’hui courants, parce que les carrières professionnelles sont loin d’être aussi linéaires que par le passé, interrompues par des années sabbatiques, des congés parentaux, des diminutions de temps de travail ou des périodes d’inactivité. Tout rachat améliore les avoirs de prévoyance et donc les prestations assurées. Il est aussi intéressant, a souligné Christian Caperos, car il est déductible fiscalement. Et de rappeler que les avoirs de prévoyance sont rémunérés selon le taux d’intérêt fixé chaque année par le Conseil de fondation. À noter que, en cas de décès, AVENA – ce qui n’est pas le cas de toutes les caisses de pensions – restitue intégralement le montant de chaque rachat aux ayants droit.
Le rachat comporte donc des atouts indéniables, mais ses modalités restent bien spécifiques comme l’ont expliqué les experts d’AVENA. S’il peut être effectué à n’importe quel moment avant la date effective du départ en retraite, il ne peut pas être reversé sous forme de capital dans un délai de trois ans. Il est donc recommandé de l’effectuer trois ans avant son départ en retraite si l’on est décidé à retirer son avoir sous forme de capital. On ne peut pas non plus utiliser l’argent cotisé dans son troisième pilier (déjà défiscalisé) pour effectuer un rachat dans son 2e pilier.
En revanche, à partir de 2026, des rachats dans le troisième pilier seront possibles, selon des modalités ici aussi très spécifiques. «Il s’agira, à terme, de pouvoir rattraper des cotisations non payées sur les dix années précédentes. Pour 2026, cela ne s’appliquera que sur l’année 2025 et restera donc assez limitatif», a tempéré Christian Caperos.
Le troisième pilier, ressource non négligeable
Que faire si tous les rachats possibles ont été effectués dans le cadre de son 2e pilier? «Discuter avec son employeur pour augmenter son plan de prévoyance, négocier une augmentation de salaire… Ou investir dans la prévoyance privée», a rappelé le spécialiste d’AVENA. De nombreuses questions ont d’ailleurs surgi sur le 3e pilier du système de prévoyance suisse.
Combien peut-on détenir de 3e piliers, bancaires ou assurantiels? «Certains cantons en acceptent au maximum deux, dans le canton de Vaud, on peut aller jusqu’à trois, voire cinq», estime Olivier Reymond, spécialiste en prévoyance à la BCV, expert invité lors de la soirée organisée au MCBA. IL précise aussi que cette question dépend de «l’historique» des relations que l’on a pu avoir avec l’administration fiscale. Il est intéressant de noter que, notamment lors du live chat, des questions ont été posées sur la situation des frontaliers, mais aussi par des personnes souhaitant quitter la Suisse pour leur retraite.
Les délais, utiles pour anticiper
Enfin, les délais jouent un rôle important en matière de prévoyance, et ils sont souvent méconnus. Les deux soirées d’AVENA ont été l’occasion d’en rappeler quelques-uns. Ainsi, il faut avoir 58 ans révolus pour percevoir sa première rente de retraite. Si l’activité professionnelle s’arrête avant, les cotisations aussi, et les avoirs sont placés sur un compte de libre passage. Des économies peuvent alors être nécessaires pour assurer le revenu souhaité.
Un compte de 3e pilier peut être ouvert à tout moment tant que des revenus provenant d’une activité lucrative sont perçus et que des cotisations AVS sont versées. Mais cela ne vaut que jusqu’à 70 ans.
Pour anticiper ces délais et ainsi préparer au mieux sa retraite, les experts d’AVENA ont donné quelques repères: dès 40 ans, vérifier sa couverture en cas d’invalidité, de décès, préparer le remboursement de son logement dans les 10 à 15 ans – si une partie du 2e pilier a été prélevée pour des besoins immobiliers –, cotiser, si l’on peut, sur un ou des 3e piliers liés (dits 3a). Dès 50 ans, entamer sa planification retraite, effectuer le maximum de rachats possibles dans sa caisse de pensions, décider de rester ou non dans son logement. À partir de 60 ans: se préparer à tout moment à partir en retraite, car, en raison de soucis de santé ou d’impératifs économiques, le jour exact du changement de statut n’est pas toujours un choix entièrement maîtrisé et planifié!
Vous voulez en savoir davantage? Vous pouvez trouver les informations en vidéo, dans un résumé de trente minutes, Le b.a-ba de la prévoyance. Olivier Reymond, spécialiste en prévoyance à la BCV et Nicolas Colozier, actuaire d’AVENA, reviennent sur ces questions ainsi que sur les perspectives plus générales d’évolution du régime de retraite suisse et ses défis. Une préoccupation qui nous concerne toutes et tous.
En savoir plus
Les replays et les présentations sont à votre disposition sur les liens suivants:
- Le b.a.-ba de la prévoyance - vidéo explicative qui récapitule tout ce que vous devez savoir sur le 2e pilier
- Présentation «Tout savoir sur votre retraite»
- Vidéo de notre live chat «Toutes vos questions sur le 2e pilier»