La retraite était au cœur de la Biennale d’AVENA 2025. Une manifestation qui a permis de prendre un certain recul sur ce chapitre de la vie qui se rallonge. Une phase de l’existence qui ne doit pas être abordée comme une fin en soi.

D’un métier d’une vie au métier de vivre

Une histoire sans fin? Bénédiction ou punition? La retraite et ses enjeux étaient, bien sûr, au cœur de la désormais traditionnelle Biennale d’AVENA, qui s’est tenue le 9 septembre 2025 au Musée Olympique de Lausanne. Plus d’une centaine de personnes ont partagé les réflexions de Matthieu Leimgruber, professeur d’histoire à l’Université de Zurich, et de la philosophe Sophie Galabru, tout en s’informant des actualités de la prévoyance professionnelle et d’AVENA présentées par son directeur, Francis Bouvier, et sa présidente Catherine Vogt. Une manifestation orchestrée par le rédacteur en chef du magazine PME, Thierry Vial.


Un débat qui se poursuit

Financement de l’AVS? Répartition des rôles et responsabilités entre État, entreprises et individus? On en parlait déjà il y a cent ans. Et le débat continue, même s’il s’est structuré durant la seconde moitié du 20e siècle. Si beaucoup situent le point d’inflexion de l’évolution de la prévoyance vieillesse en Suisse en 1947, année de la «victoire de l’AVS», le professeur Matthieu Leimgruber le voit plutôt en 1972, date du refus de la «Super AVS» par le peuple et de l’enracinement, dans le discours, de la notion des trois piliers. 
Est-ce que 2025 constituera un nouveau repère dans cette aventure? Il est, bien sûr, trop tôt pour le dire. Mais l’année restera comme étant celle d’une nouveauté, selon le professeur: la politisation croissante du troisième pilier. Quant à imaginer l’avenir, un exercice atypique pour un historien, il se dit convaincu que tant qu’il y aura une Suisse, il y aura une retraite, mais ses «contours seront discutés». Ainsi, les «controverses sur les frontières des différentes composantes du système de prévoyance vieillesse et sur leurs rôles respectifs vont se poursuivre», conclut-il en donnant une longueur d’avance au 1er pilier sur les deux autres. 


Un demain à façonner

D’un métier d’une vie au métier de vivre. Pour la philosophe Sophie Galabru, le temps de la retraite peut créer un trouble d’identité, alors que l’on quitte un statut défini par son emploi. Elle parle de «blessure narcissique de la retraite». Un passage abrupt vers un temps de la retraite désormais toujours plus long. D’où la nécessité de le façonner. Une démarche qui pose notamment comme défi de redéfinir son rôle dans la société, d’accepter de vieillir dans le sens d’avoir un autre rapport au temps que celui comptable, de ne pas conjuguer la durée qu’au passé. Et d’évoquer un temps social, plus charnel, plus personnel, et toujours occupé.

Car, dans la durée peuvent jaillir d’imprévisibles nouveautés, a-t-elle notamment rappelé en soulignant que projet et vieillesse étaient compatibles. Elle associe encore à cette approche la notion de transmission, «afin de ne pas en faire un fardeau pour les générations suivantes». 


Une fondation qui croît

De temporalité, il en est encore question dans la gestion au quotidien des caisses de pensions. En le rappelant, Francis Bouvier a souligné qu’il n’y avait, certes, rien d’urgent dans cet univers qui pense en générations, mais que cela ne signifiait pas pour autant rester immobile. Et AVENA avance, puisque la Fondation affiche une progression de plus de 100% en dix ans. Si urgence il devait y avoir, a insisté Catherine Vogt, c’est dans la nécessaire amélioration de la communication qui entoure le 2e pilier. Le déficit d’image de la prévoyance professionnelle doit être pris à bras le corps par les caisses de pensions à qui revient aussi le rôle d’informer l’ensemble des parties prenantes.

AVENA a empoigné le sujet depuis quelques années. Des soirées sont organisées à l’attention des assurées et des assurés afin de leur donner les outils pour comprendre non seulement le système, mais aussi leur situation personnelle. Les responsables d’entreprise ne sont pas oubliés. AVENA s’est notamment associée avec des acteurs clés, comme le magazine PME et la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), pour évoquer les enjeux de la prévoyance pour les employeurs. «Pour toute entreprise, les cotisations LPP représentent une part conséquente de la masse salariale, elles méritent d’être conçues comme un outil au service de la politique des ressources humaines et donc un facteur d’attractivité pour l’employeur», a rappelé Catherine Vogt en insistant sur le terme «simplification».


Des informations claires

La communication passe également par transmettre des informations importantes à l’ensemble des personnes concernées. Francis Bouvier a ainsi mis en exergue les nouveautés proposées aux assurées et aux assurés. Un exemple? Les rentes décroissantes qui répondent à un souhait exprimé: celui de pouvoir compter sur des revenus supérieurs en début de retraite, les besoins étant souvent moindres après 10 ans de ce nouveau chapitre de vie. 

Rente ou capital? La question n’a rarement été aussi brûlante, puisque les retraitées et les retraités sont toujours plus nombreux dans le pays, voire majoritaires selon certaines données, à opter pour la solution du capital. Au sein d’AVENA, la part des personnes choisissant la rente a baissé – passant de 60% en 2020 à 50% en 2024 –, mais au profit tant du capital (39% en 2024) que de la solution mixte (11%).

Que faire? AVENA mettra prochainement en place un «check-up retraite» pour accompagner toute prise de décision. Autant d’informations qui seront bientôt disponibles sur un site internet entièrement repensé.

Quant à la prochaine Biennale, elle se tiendra en 2027, année du cinquantenaire d’AVENA, a rappelé Catherine Vogt.
 

Découvrez également les interviews réalisées avec Sophie Galabru et Matthieu Leimgruber